Dans ce chapitre, "Liying la disparue", on évoque le théâtre liyuan, mais aussi succinctement la vie culturelle de la Chine des années 1930, particulièrement florissante, notamment à Shanghai.
LE LIYUAN
L'opéra liyuan est né à Quanzhou, dans le Fujian, sous la dynastie Song (960-1279). C'est l'un des plus anciens genres théâtraux chinois encore existants aujourd'hui. Il est chanté dans le dialecte Minnan, parlé dans le sud du Fujian, et a préservé une grande partie de la littérature et des formes de représentation de l'ancien opéra du sud de la Chine.
L'opéra liyuan est divisé en trois courants, le "shanglu", le "xianan" et le "xiaoliyuan". Le courant "shanglu" se compose de livrets et de partitions traditionnels de la période Song et Yuan (960 - 1368), inspirés d'histoires sur les thèmes du patriotisme, de la piété filiale, de la chasteté et de la vertu. Dans le courant "xianan", les histoires sont pour la plupart issues du folklore et de la vie quotidienne. Le répertoire de base du courant "xiaoliyuan" se compose de nombreuses pièces du début de la période Ming (XVIIe siècle) et se distingue par le jeu délicat des artistes dans les rôles de sheng (homme) et de dan (femme).
Quelques aspects de la vie culturelle en Chine dans les années 1930
Liying s'habille en qipao (ou cheongsam), une robe d'origine mandchoue, remise au goût du jour à Shanghai au début du XXᵉ siècle. Devenue l'emblème de la féminité shanghaienne, elle sera interdite dans la Chine de Mao Zedong.
Elle écoute les chansons de Zhou Xuan (1918-1957), chanteuse et actrice chinoise surnommée" la voix d'or". Elle fut l'une des artistes chinoises les plus populaires des années 1930 et 1940.
Liying regarde les films de Ruan Lingyu (1910-1935), l'une des figures de proue du cinéma de Shanghai des années 1930. De 1929 à 1935, Ruan Lingyu a tourné vingt-neuf films (dont neuf seulement nous sont parvenus), incarnant différentes facettes de la femme de Shanghai à son époque : souvent prostituée ou femme nouvelle, c'est ce premier rôle qu'elle incarne dans La Divine (1934), de Wu Yonggang. Elle y incarne une femme contrainte de se prostituer pour élever son enfant. Présentée sous un aspect de mère dévouée, elle conserve sa dignité.
À écouter : Shanghai, 1930. Sur France Musique